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Meurtre passionnel ou politique? Le général russe, sa femme, la datcha et le pistolet. Trois semaines après la mort de Lev Rokhline, farouche opposant à Eltsine, la Russie s'interroge.

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publié le 30 juillet 1998 à 6h48

Moscou, de notre correspondante.

Il est environ 6 heures du matin, ce 3 juillet. Yelena Rokhline est réveillée par un coup de fil. C'est le garde de sécurité de la datcha de ses parents: «Venez vite, il s'est passé quelque chose"» Suit un appel affolé de sa mère, Tamara: «C'est affreux"» Son mari Sergueï Abakoumov s'habille à la hâte. Trois quarts d'heure plus tard, il est à la datcha de ses beaux-parents à Klokovo, à 20 kilomètres de Moscou. Au premier étage, couché dans son lit, Lev Rokhline gît mort, tué d'une balle dans la tête. A 9 heures, la police est sur les lieux. Les quatre personnes présentes cette nuit-là dans la villa sont interrogées: la femme du général, leur fils Igor, le garde et le chauffeur. Visiblement choquée, Tamara avoue. Les enquêteurs retrouvent l'arme du crime, le pistolet PSM 5,45 mm du général, dans un buisson. La nouvelle fait l'effet d'une bombe dans les milieux politiques mais aussi dans l'opinion. Lev Rokhline, 51 ans, était l'un des plus farouches opposants à Boris Eltsine et un général prestigieux. Héros d'Afghanistan, héros de la guerre de Tchétchénie, il commandait les troupes russes lors de la prise de Grozny en janvier 1995. Plus tard, il refusera la médaille qu'on veut lui décerner. «Je ne veux pas de décoration pour une guerre menée dans mon propre pays», clame-t-il. Une phrase restée célèbre qui renforce sa popularité auprès d'une armée frustrée par la déroute en Tchétchénie et d'une opinion largement hostile au conflit. Nombreux enn