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Libération

20 000 témoins au procès de l'apartheid. En Afrique du Sud, la commission. Réconciliation et Vérité achève les auditions des victimes, noires et blanches, de la ségrégation.

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publié le 31 juillet 1998 à 6h50

Le Cap, de notre correspondante.

Mettre face à face les bourreaux et les victimes pour réécrire l'une des pages les plus douloureuses de l'histoire de l'Afrique du Sud: pendant plus de deux ans, la commission Réconciliation et Vérité a mené une expérience inédite en se penchant sur l'apartheid afin de réconcilier les Sud-Africains de toute race. Une gigantesque tentative d'exorcisme national qui s'achève pour l'essentiel aujourd'hui avec la fin des enquêtes et auditions des victimes de violation des droits de l'homme.

Emotion. Pendant deux ans, plus de 20 000 personnes ayant souffert de la ségrégation raciale ont défilé à la barre de la commission pour raconter les drames individuels qui ont composé l'histoire tragique de l'Afrique du Sud sous l'apartheid. Face à leurs anciens tortionnaires, des activistes du mouvement de libération sont ainsi venus dévoiler, la voix tremblante d'émotion, l'horreur des souffrances subies pendant leurs interrogatoires. Des mères de famille au visage fatigué ont expliqué comment leurs fils ont soudain disparu après avoir été emmenés par des policiers. Des adolescents au regard timide ont évoqué les dernières heures de leurs parents assassinés sous leurs yeux.

La grande majorité des témoins entendus étaient les victimes noires de l'oppression raciste. Mais la commission, présidée par Mgr Desmond Tutu, ancien archevêque anglican du Cap et prix Nobel de la paix, a également entendu les victimes blanches d'attentats perpétrés par le mouvement de libé