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Libération

Aux Etats-Unis, la ruée vers le loto. Des milliers d'Américains ont déserté leur lieu de travail et bravé les embouteillages pour acheter un billet du Powerball.

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publié le 31 juillet 1998 à 6h54

Washington, de notre correspondant.

Le rêve américain de la fin du siècle a un nom: Powerball. Et depuis mercredi soir une capitale, la petite ville de Richmond, Indiana, où a été vendu dans une station-service le billet gagnant de la plus grosse cagnotte jamais mise en jeu dans une loterie: 295 millions de dollars (1,8 milliard de francs) pour la combinaison 8.39.43.45.49 plus le chiffre magique, le 13. Le ticket gagnant avait été acheté en commun par treize ouvriers de l'Ohio. Plus de 210 millions de billets ­ presque un par habitant ­ avaient été vendus en quatre jours d'hystérie. On a vu des milliers de joueurs faire la queue deux à trois heures d'affilée, après avoir conduit des centaines de kilomètres et passé des heures dans de gigantesques embouteillages, le tout dans l'espoir fou de décrocher le gros lot, bien que les chances n'étaient que de une sur 80 millions, «à peu près autant que de mourir en tombant de son lit ou d'être frappé par la foudre à quatorze reprises», comme le faisait remarquer le Washington Post. Le phénomène a bien sûr suscité des débats sur la fin des «valeurs traditionnelles» de l'Amérique pionnière ­le travail, l'épargne, l'austérité et le sens du devoir­, remplacées par celles de l'«argent facile» et par les fantasmes sur «la vie des gens riches et célèbres» devenus les idoles d'un pays qui n'a jamais connu pareille prospérité, ni été en conséquence aussi résolument optimiste. La ruée vers les points de vente a provoqué, selon le Post, une ch