Athènes, de notre correspondante.
Monseigneur est l'homme le plus populaire de Grèce: il caracole depuis des mois en tête des sondages avec 73% d'opinions favorables.Un record, même si l'Eglise reste très influente dans ce pays à 95% orthodoxe. «Il était temps pour la Grèce, qui manque de leaders politiques, de trouver enfin une figure de référence», lâche un proche de l'archevêque Mgr Christodoulos, élu en avril par ses pairs nouveau primat de l'Eglise orthodoxe grecque.
Petit et rond, la soixantaine bien portée, l'homme n'a rien d'un ascète; mais derrière son sourire bienveillant et une voix sucrée, il cache un verbe sévère employé sans mesure pour raffermir la foi de ses ouailles, prévenir «contre une dérive européenne et laïque du pays» et souligner sa volonté de «s'exprimer sur les questions nationales». Omniprésent sur les écrans et les ondes depuis son élection, le nouveau primat de l'Eglise grecque a réussi un exploit: il est simultanément banni par les médias de gauche pour ses convictions ultranationalistes, et critiqué par les responsables politiques pour ingérence dans les affaires publiques.
Ingérence. Dès les premiers jours qui ont suivi son élection, Mgr Christodoulos créait la surprise générale en mettant les hommes politiques grecs en garde «face aux directives de Bruxelles qui éloignent le pays de sa tradition historique». Ce message antieuropéen de l'archevêque, venu au moment où la Grèce prépare avec d'énormes difficultés son entrée dans la zone euro pour l'