Sur une ancienne photo, on voit Barry Rosen dans une situation
terriblement dramatique: les yeux bandés, la bouche bâillonnée, les mains ligotées, entouré par une foule d'étudiants iraniens hostiles. C'était au début de sa captivité. Celle-ci allait durer 444 jours. Pour lui et ses 51 autres collègues, elle allait être marquée par des sévices, des humiliations et des conditions épouvantables de détention. En revanche, on n'a pas de photo d'Abbas Abdi à cette époque. Il est alors l'un des responsables d'une organisation connue sous le nom énigmatique des «Etudiants de la ligne de l'imam (Khomeiny)», un groupe dont le dessein est de radicaliser la révolution. La prise de l'ambassade américaine, le 4 novembre 1979, procède de cette intention. Abdi sera l'un des cerveaux de cette opération que Washington n'a jamais oubliée et dont le souvenir obère toujours les relations entre les Etats-Unis et l'Iran.
Dix-huit ans plus tard, les deux hommes, le preneur d'otages, devenu journaliste et conseiller du président Khatami, et sa victime, à présent un universitaire réputé, étaient hier côte à côte dans une salle prêtée par l'Unesco à Paris. L'un et l'autre avaient fait spécialement le voyage pour se rencontrer. Spectaculaire rencontre. D'abord, sur le plan humain. Ensuite, sur le plan politique, puisqu'il s'agit de la première rencontre publique entre un Américain et un Iranien. Officiellement, il ne s'agit que d'une réunion strictement privée, à l'initiative du Centre pour le dialogue