Ils sont venus à pied, en «libérateurs». Renvoyés «chez eux», ils
repartent en avion. Quinze mois après leur entrée victorieuse dans Kinshasa, les «soldats rwandais ainsi que les autres étrangers» qui ont porté au pouvoir Laurent-Désiré Kabila sont priés de quitter la capitale de la république démocratique du Congo. Depuis une semaine, Kabila multiplie les effets d'annonce pour officialiser la retraite des anciens frères d'armes rwandais et ougandais, qui, en fait, est en cours depuis plusieurs mois.
La population de Kinshasa voit avec satisfaction repartir ces «occupants», sommairement qualifiés de Tutsis ou de «Nilotiques». Mais la fuite en avant du tombeur de Mobutu met en péril le nouveau régime. Après cette rupture avec ses alliés de l'Est, il tombe sous la coupe de l'Angola, son parrain du Sud. Or, la guerre civile angolaise se rallume et, par le jeu des alliances croisées, ne manquera pas de s'étendre à l'ex-Zaïre.
Kabila, combien de régiments étrangers? On ne le saura jamais. Le «chef rebelle» n'était que le mandataire des pays voisins, coalisés pour en finir avec le régime du maréchal Mobutu. Quand il s'est lancé à la conquête du pouvoir de Kinshasa, en octobre 1996, il n'avait pas de troupes. C'est seulement chemin faisant, depuis l'Est, qu'il a enrôlé des dizaines de milliers de jeunes Zaïrois, mis en uniforme et dans des bottes de caoutchouc. Arrivés dans la capitale, ceux-ci ont été surnommés kadogo, les «petits hommes verts» de Kabila.
Ce dernier, dans une déclarat