Apprès avoir échappé à l'éclatement sous Mobutu, l'ex-Zaïre risque
la partition sous son tombeur, Laurent-Désiré Kabila. A la suite d'affrontements à l'arme automatique et au mortier entre soldats tutsis et d'autres éléments de l'armée, fidèles à Kabila, un couvre-feu de trois jours a été décrété hier à Kinshasa. Aucun bilan n'était disponible, mais des témoins ont vu des corps aux abords de deux camps militaires de la capitale. Comme en octobre 1996, au début de la rébellion de Kabila, c'est du Kivu, la région orientale frontalière avec le Rwanda, qu'est partie la déstabilisation. Dimanche soir, des soldats banyamulenges, tutsis immigrés du Rwanda installés au Congo depuis plusieurs générations, se sont révoltés contre le régime de Kabila qu'ils ont pourtant contribué à porter au pouvoir. A Goma, au nord du Kivu, des incidents les ont opposés à des soldats loyaux au Président. L'aéroport a été fermé et les communications coupées. A Bukavu, capitale du Sud-Kivu, des combats ont eu lieu dimanche soir après que des soldats eurent commencé à fouiller les maisons des Banyamulenges. Certains Banyamulenges se sont réfugiés dans la ville rwandaise toute proche, Cyangugu. D'autres ont résisté, aidés par des soldats rwandais ayant traversé la frontière. Ils auraient libéré des détenus de la prison centrale, parmi lesquels des soldats banyamulenges.
Dimanche après-midi, les habitants de Goma ont eu confirmation des troubles en écoutant la radio nationale congolaise la Voix du peuple. U