L'événement est une première dans un pays où les très hauts
responsables politico-militaires nourrissent toutes les conversations mais jamais la une des médias. Jour après jour pourtant, le général Mohamed Betchine, l'un des cinq ou six hommes forts du système, ancien chef de la Sécurité militaire, la police politique du régime, conseiller et proche parmi les proches du Président, a fait les titres de la presse privée. Le 22 juillet, la une du quotidien le Matin sa photo surmontée d'un énorme titre: «Veut-on la tête de Betchine?» faisait sensation. Au vu de la violence des mises en cause du conseiller du Président, la question mérite effectivement d'être posée.
Tout a commencé début juin avec une série d'articles et d'interviews au vitriol de Nourredine Boukrouh, le chef du petit Parti du renouveau algérien, guère habitué jusque-là à s'opposer aux décisions stratégiques du régime. Cible apparente: le système qualifié de «cloaque» («dans notre pays tout est anormal, falsifié, perverti ["] l'époque se caractérise par la fraude, la promotion des médiocres, le rappel des figures honnies du passé, l'achat des hommes et des partis ["] le pouvoir ne voit pas les problèmes en termes d'avenir pour tous, mais de durée pour quelques-uns»). Cible réelle: Mohamed Betchine, traité de «monsieur Import-Import», allusion à l'empire financier de celui dont «le mythe a pris la place et surpassé le mythe du général Belkheir» (l'homme fort de la présidence Chadli, ndlr). Certes, ces brûlots à