Djakarta de notre correspondant.
La jeunesse dorée de Djakarta a trouvé ses quartiers d'été. Depuis près d'un mois maintenant, les anak baru gede (prononcer «abégué», adolescents, ndlr) ont élu domicile, tous les soirs de la semaine, dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler les nouveaux «cafés» ou encore les warung artistes. Les warung, en Indonésie, sont des petites buvettes de construction rudimentaire installées au bord de routes. On y mange, sous une bâche en plastique et pour l'équivalent de 3 F, une assiette de riz, un morceau de poulet grillé et quelques légumes agrémentés de chili, le tout arrosé d'un thé glacé de fabrication locale.
Atteints par la crise économique qui frappe le pays depuis plus d'un an, les nouvelles générations de la upper class, qui ne concevaient autrefois de ne sortir qu'au Fashion Café ou au Planet Hollywood, ont dû réviser à la baisse leur standing et s'adapter à leur nouvelle condition. Mais pas question de tomber trop bas. Si la jeunesse chic de Djakarta s'abaisse à descendre dans la rue, elle n'est pas encore prête à passer ses samedis soir à grignoter du poulet au warung où dînent chauffeurs et garçons de course. C'est pourquoi on va aux warung «artistes». Installés dans une impasse au pied des tours rutilantes du quartier d'affaires de Kuningan, une trentaine de ces échoppes ont suffi à recréer, après la fermeture des bureaux, les mêmes embouteillages qu'aux heures de pointes. Ingrédients de ce succès: quelques tentes bariolées au nom