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Libération

Aung San Suu Kyi défie la junte birmane L'opposante à nouveau bloquée à la sortie de Rangoon.

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publié le 13 août 1998 à 9h17

Rangoon envoyé spécial

Une fois de plus, Aung San Suu Kyi a décidé de se mesurer à la junte au pouvoir en Birmanie. L'opposante, «libre de ses mouvements» selon les affirmations des militaires, a décidé de démontrer qu'il n'en était rien. Hier matin, le prix Nobel de la paix (1991) a tenté de se rendre dans la ville de Pathein, située à 190km de Rangoon. Là-bas, affirme-t-elle, les autorités font subir toutes sortes de mauvais traitements aux élus et sympathisants de son parti. Il importe, avait-elle expliqué avant son départ, de leur «apporter un soutien moral». Mais à peine les limites de la capitale franchies, le minibus qu'elle occupait, avec plusieurs de ses partisans, est arrêté par un barrage de la police antiémeute ­ les redoutables Lonthein. Sommée de rebrousser chemin, la leader de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), qui avait déjà été retenue sur un pont par l'armée du 24 au 29 juillet, s'est refusée à faire demi-tour. Elle serait déterminée, selon une source de la Ligue, à faire durer son sit-in pacifique plus longtemps que la fois précédente. Mauvaise foi. Le face-à-face du mois dernier avait duré six jours, jusqu'à ce que les militaires se résignent à reconduire l'inflexible opposante chez elle de force. Pour Aung San Suu Kyi, qui espère ramener la démocratie dans son pays, la junte venait de faire la démonstration de sa mauvaise foi. La «dame de Rangoon», qui a passé six ans en résidence surveillée avant d'être «libérée» en 1995, a déjà tenté en vai