Vous étiez partis pour une mission humanitaire. Comment votre voyage
s'est-il transformé en mission diplomatique?
Au départ nous pensions centrer le voyage sur l'évaluation de l'efficacité de l'aide humanitaire. Ce qui nous a convaincus de modifier l'organisation de ce voyage, c'était la possibilité de rencontrer tous les protagonistes de la crise, y compris John Garang. Bernard Kouchner doit être le seul responsable français à avoir rencontré Garang, en 1990 ou 1991, de manière officieuse et sur un terrain uniquement humanitaire. Le contact que j'ai eu au Caire avec Garang était organisé dans la plus grande clarté et en prévenant les responsables soudanais de Khartoum. J'ai longuement évoqué cette mission avec Hubert Védrine, mais je n'avais pas de mandat de négociation. C'était simplement l'occasion de dire aux uns et aux autres la disponibilité de la France pour accompagner le processus de paix, notre souci de donner plus d'efficacité à notre investissement humanitaire, et notre regret de voir le Soudan dans une situation de quasi-exclusion de la communauté internationale à cause de ses problèmes intérieurs, alors qu'il est l'Etat le plus étendu d'Afrique et qu'il devrait jouer un rôle important dans la région.
On parle beaucoup du détournement de l'aide internationale au Soudan. Avez-vous posé des conditions à sa poursuite?
J'ai dit à mes interlocuteurs que nous ne pourrions pas indéfiniment faire appel à la solidarité des Français, si dans le même temps les bénéficiaires