Khartoum, Le Caire, envoyée spéciale.
Charles Josselin a rencontré les deux hommes qui tiennent le sort de 2,6 millions de Soudanais menacés par la famine entre leurs mains. Un voyage marathon a conduit le ministre de la Coopération lundi à Khartoum, où il s'est entretenu avec le président Omar el-Bechir et plusieurs membres de son gouvernement, et mardi au Caire, où se trouvait John Garang, dirigeant de l'Armée populaire du Soudan (SPLA). Josselin en revient sans promesses précises. Mais sa démarche, la première du genre d'un responsable occidental, inaugure peut-être un changement d'attitude. Près de 100000 morts. Au départ, l'initiative était purement humanitaire. Josselin avait prévu de se rendre dans le sud du pays où la famine, entretenue par la guerre entre le régime islamiste de Khartoum et la guérilla du Sud, animiste et chrétien, a déjà fait près de 100000 morts depuis le début de l'année, et menace 2,6 millions de personnes. Mais cette «famine»-là, comme d'autres, n'a rien d'un fléau tombé du ciel. Cette guerre, qui dure depuis 1983, ne se réglera vraisemblablement pas par les armes. Et les rumeurs de détournement de l'aide, d'obstacles mis à son acheminement, sont devenues insupportables. D'autant que depuis la grande famine de 1988, la communauté internationale finance largement, au travers de Lifeline Soudan (OLS), une opération de secours permanent qui regroupe des agences de l'ONU et des ONG, et qui aurait dû éviter que le déficit céréalier prévisible ne to