Le scrutin présidentiel du 21 juin au Togo, prétendument remporté
avec 52% des suffrages par le général Eyadema, au pouvoir depuis trente et un ans, n'a pas répondu «aux critères d'une élection libre, transparente et équitable», et le résultat annoncé ne reflète pas «correctement la volonté exprimée par les électeurs». Cet avis tranchant figure dans les conclusions d'un rapport que les observateurs de l'Union européenne ont rendu dès le 7 juillet. Entériné sans modifications par la commission, il n'a pas été entouré d'une grande publicité. «Nous négocions avec le régime en place les modalités d'une reprise du processus électoral, qui est effectivement sorti du cadre légal», a expliqué un diplomate européen. Il est cependant peu probable que le pouvoir, déjà frappé de sanctions, reconnaisse avoir truqué la réélection du général-président. Au vu des votes effectivement comptés, celui-ci n'aurait obtenu que 44%, suivi, avec 36%, de son principal rival, Gilchrist Olympio. Selon la projection des experts, comme 95% des suffrages à Lomé n'ont pas été dépouillés, Eyadema n'aurait obtenu que 42%, talonné par Olympio avec 39%.
Le cas du Togo est édifiant. Voici un pouvoir, en place depuis trois décennies, qui procède à la mise à jour des listes électorales, dès février, sans mener de campagne d'information. De ce fait, l'électorat contestataire qui ne s'était pas inscrit en 1993 l'opposition appelant au boycott a été d'emblée exclu. Puis, les cartes électorales sont distribuées trop