Rangoon envoyé spécial
Les rares investisseurs étrangers qui s'aventurent en Birmanie doivent avoir le coeur et le portefeuille bien accrochés. Dans la banlieue de Rangoon, les chantiers des routes et des canaux sont creusés par des habitants réquisitionnés de force, qu'on voit patauger dans la boue sous étroite surveillance. Le travail forcé, auquel il est toutefois possible de se soustraire en versant 300 kyats (5 francs au taux du marché noir) aux militaires recruteurs, continue d'être monnaie courante en Birmanie. Pour s'épargner davantage de critiques de la communauté internationale, le régime tente d'en dissimuler les signes les plus évidents. La ligne de chemin de fer reliant Ye à Tavoy, en train d'être construite par le travail forcé, est située dans une zone interdite d'accès aux étrangers; le chemin de fer reliant Mandalay au site touristique de Pagan est, en revanche, mis en oeuvre par des soldats et des travailleurs salariés.
Corruption. «L'armée, explique un homme d'affaires birman, a de plus en plus recours au travail forcé, lorsqu'il s'agit de bâtir de nouvelles casernes ou de transporter, à dos d'homme, du matériel militaire. Depuis plusieurs mois, les militaires ont même commencé à confisquer des champs aux paysans, en les contraignant à les cultiver pour eux.» La junte prédatrice ne se limite plus à ce genre d'activité, très en vogue pendant les trente années de «socialisme à la birmane» inaugurées par le général Ne Win en 1962. La corruption au sein du pouv