Stockholm, de notre correspondant
Les Lapons de Suède attendaient ce moment-là depuis trois siècles. Le week-end dernier, un instant, en entendant les informations, ils ont poussé un grand soupir. «Au nom du gouvernement suédois, je veux demander pardon à la population lapone pour les injustices commises au cours des âges.» Officiellement, pour la première fois, la Suède a donc reconnu ses fautes. Un an après le pardon norvégien présenté par le roi lui-même, Annika Ahnberg, ministre social-démocrate de l'Agriculture et déléguée aux Affaires lapones, venait de lever l'un des plus lourds tabous de la Suède moderne. Admettant que la politique suédoise avait même pu être teintée de racisme à l'égard des 17 000 Lapons (ils préfèrent s'appeler Sami) originaires du nord de la Suède, la ministre a annoncé que des mesures de dédommagement pourraient être prises et qu'une commission rendrait un rapport d'ici à la fin de l'année. Une marche et des jeux. Ce soupir de satisfaction, certains l'ont pourtant vite ravalé. Dès lundi, une poignée de Lapons ont entamé depuis Stockholm une marche vers Bruxelles afin de plaider leur cause et de revendiquer le droit à l'autodétermination. «La Suède prend volontiers la défense des minorités dans le monde en oubliant la sienne, regrette Lars Json Nutti, l'un des marcheurs. Mais en grignotant nos terres, ils se débarrassent de nous d'une manière raffinée.» Ils étaient trois au départ, avec leur costume traditionnel chamarré, un grand drapeau rouge b