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Libération

Biens juifs spoliés: au tour des banques allemandesDes familles de victimes de la Shoah réclament plus de 100 milliards de francs à la Deutsche et à la Dresdner Bank.

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publié le 18 août 1998 à 7h56

Bonn de notre correspondante

Quelques jours à peine après l'accord passé entre les banques suisses et les familles des survivants de l'Holocauste, c'est au tour des banques allemandes de se retrouver sous pression. Mercredi dernier, les établissements financiers suisses se sont engagés à verser 7,7 milliards de francs à plusieurs organisations juives pour indemniser les familles dont les économies avaient été placées, volontairement ou non, en Suisse. En Allemagne, les rescapés de l'Holocauste ou leurs héritiers réclament 18 milliards de dollars (près de 108 milliards de francs) aux deux grandes banques privées du pays, la Deutsche et la Dresdner Bank.Une plainte collective au nom de quelque 10 000 victimes a été déposée en juin à New York, dans l'élan de la procédure menée contre la Suisse.

Profits. Les banques allemandes ont «profité de l'aryanisation» des biens juifs, expliquait hier l'avocat Michael Willi, représentant en Allemagne des plaignants américains, venu manifester à Francfort-sur-le-Main devant les sièges de la Deutsche et de la Dresdner Bank. A ses côtés, Ruth Abraham, 85 ans, est venue réclamer 90 000 dollars à la Dresdner Bank, soit le solde du compte de son père assassiné par les nazis. Les deux grandes banques allemandes avaient aussi acheté à la Reichsbank, la banque centrale allemande de l'époque, des kilos d'or provenant des bijoux, pièces ou prothèses dentaires des déportés juifs.

«Les banques suisses avaient gardé l'argent des juifs. Nous, nous n'avons