Kinshasa envoyé spécial
Dans la capitale de l'ex-Zaïre, le moral va et vient avec l'électricité. Hier matin, la radio nationale passait le plus clair de son temps d'antenne à exhorter les citoyens à s'acquitter de la taxe foncière «dans le cadre d'un meilleur recouvrement fiscal». Les rebelles semblaient loin. «Vous voyez, on a du courant, interpellait un gardien d'immeuble. Vraiment, les radios étrangères disent trop de mensonges.» Comment, en effet, les rebelles pouvaient-ils s'être emparés de la centrale hydroélectrique d'Inga sans plonger Kinshasa dans le noir? Après avoir annoncé que les vingt-quatre heures à venir seraient «décisives», le président Kabila est reparti pour son fief du Sud, à Lubumbashi. Son avion à peine disparu dans le ciel, peu après 13 heures, la capitale a été frappée par une coupure générale, officiellement due à des «travaux d'entretien». Mais, hier soir, le black-out avait déjà entamé les apparences de normalité que les Kinois s'efforcent de préserver malgré les mauvaises nouvelles du front.
Inga est pris, depuis jeudi dernier. Dans le Sud-Ouest, les troupes tutsies sont à environ 200 km, non loin de l'ultime verrou défensif, à Mbanza Ngungu, où l'armée gouvernementale a massé 3 000 hommes et tous ses blindés en état de marche. Hier soir, la rébellion annonçait avoir pénétré dans ce district stratégique. Dans l'Est, les forces rwandaises, qui constituent l'essentiel des unités combattantes, ont conquis Lubutu, à 240 km de Kisangani. Sur les deux