New York de notre correspondant
Féministe hors norme, Camille Paglia est professeur de sciences humaines à l'University of the Arts de Philadelphie. Auteur de trois bestsellers, elle s'est imposée aux Etats-Unis comme commentatrice spécialisée du comportement sexuel de ses compatriotes. En prenant la défense de la pornographie, elle s'est illustrée par ses critiques du comportement «politiquement correct» des grandes figures du féminisme américain, leur préférant Madonna comme symbole de la libération de la femme.
Les Américains sont-ils plus tolérants qu'hier sur la vie sexuelle de leurs hommes politiques?
Il n'y a aucun doute, l'attitude des Américains a changé à cause des scandales visant Bill Clinton. Il y a encore peu, la plupart d'entre nous considéraient que nos dirigeants devaient agir comme des family men, s'occupant de leur femme et de leurs enfants, discrets dans leur activité sexuelle. A en juger par les réactions récentes,on s'oriente vers le modèle européen selon lequel on ne doit pas se soucier de la vie sexuelle des hommes politiques aussi longtemps qu'ils se comportent bien dans leurs fonctions officielles...
Faut-il donc laisser Clinton en paix? C'est précisément le problème. A la différence de la plupart des féministes américaines, au moment où l'affaire Paula Jones a éclaté, en 1994, j'ai pris cette femme au sérieux. Quoi qu'on puisse penser de la vie privée d'un homme politique, baisser son pantalon devant une employée de son administration est un outrage s