Menu
Libération
Reportage

Kinshasa attend sa chute a la bougie. Les rebelles, aux portes de la capitale, ont coupé eau et électricité.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 août 1998 à 7h58

Kinshasa envoyé spécial

Le robinet est désespérément sec, mais l'eau coule à flots de deux congélateurs. Quand Célestin Tshiondo soulève leurs couvercles, des relents suspects de poisson emplissent son petit magasin. «Je n'ai pas l'argent pour acheter un groupe électrogène, dit-il. De toute façon, on n'en trouve plus.» Il ne lui reste alors qu'à brader ce qui est à la base de l'alimentation des quelque six millions d'habitants de la capitale de l'ex-Zaïre. Ceux-ci n'y trouvent cependant pas non plus leur compte. «Depuis hier, le prix du charbon de bois a plus que doublé», s'indigne une mère de famille. C'est aussi le cas des bougies. La spéculation s'en mêle. «Comme il n'y aura plus de poissons surgelés, ni rien de frais, les commerçants stockent le riz», explique Okito. Marchand de farine de manioc, il est menacé de «chômage technique». Les moulins électriques ne tournent plus.

«Pessimisme janséniste». Hier, après trente-six heures sans eau ni électricité dans la plupart des quartiers populaires, Kinshasa a senti les effets de la guerre. Certes, un barrage vétuste à proximité alimente encore en courant un dixième de la ville et le fleuve Congo permet au moins de se laver. Mais il n'est plus possible de se faire des illusions. L'ennemi est aux portes de la capitale. Il a pris le barrage d'Inga plongeant Kinshasa dans le noir. Le gouvernement, après avoir longtemps pourfendu «le pessimisme janséniste que distillent les radios étrangères», l'a finalement reconnu. La voix étran