Nairobi correspondance
Une simple détonation dans la rue, sans doute un pot d'échappement, a suffi pour le faire sursauter. Adnar Kadhi s'en excuse avec un sourire pâle. Onze jours après l'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis de Nairobi, le 7 août, le fracas de la bombe qui a fait 247 morts, plus de 5 000 blessés et traumatisé le Kenya résonne encore dans les oreilles de ce vendeur de 30 ans. Mais à l'heure des bilans, onze jours seulement après l'attentat, ce ne sont pas les détails de l'enquête en cours qui le préoccupent. De façon générale à Nairobi, les interrogatoires, menés de front par les enquêteurs du FBI et leurs homologues kényans, ne suscitent plus qu'une curiosité mesurée. «Peur des pillards». Dans la ville en deuil, où les journaux affichent des pleines pages d'avis de décès, il est surtout question des Etats-Unis, de leur rôle et de leurs responsabilités. Depuis le 7 août, les Kényans ruminent des mots, comme ceux de Prudence Bushnell, l'ambassadeur des Etats-Unis, qui avait affirmé que les abords de l'ambassade avaient dû être clôturés par les marines après le drame, pour éviter que des pillards ne se glissent au milieu des sauveteurs. Un détail qui, ajouté à d'autres, a fini par tourner à l'accusation voilée de racisme. «Si les gens avaient vraiment voulu piller, ils se seraient attaqués à la banque qui est juste à côté, dit Adnar, et pas à l'ambassade. Quant au personnel médical envoyé de l'étranger, il s'est occupé en priorité des Blancs, alors que d