Rangoon envoyé spécial
«Ils ne m'ont pas encore expulsé de chez moi, mais cela ne saurait tarder. Presque tous les autres députés de l'opposition qui, comme moi, ont refusé d'abandonner leur mandat électoral ont été délogés de leur appartement de fonction.» L'ancien général décoche un regard résigné par-dessus ses sourcils argentés. Il parle un anglais soigné, acquis alors que la Birmanie faisait encore partie du raj britannique. Collés devant un ventilateur poussif qui dissipe mal la chaleur étouffante de la mi-journée, trois autres députés de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) élus lors des toutes premières (et dernières) élections libres du pays, en 1990, l'écoutent en acquiesçant. «Mon fils et mon neveu ont été chassés de leur emploi, et beaucoup d'autres membres de ma famille sont harcelés de différentes manières. Ils utilisent nos proches pour faire pression sur nous. Beaucoup ont ainsi dû quitter la LND», poursuit le vieux général député. L'entretien se déroule au siège de la ligue le tout dernier forum d'opposition encore toléré par la junte au pouvoir en Birmanie. C'est un vieux bâtiment en ciment sans style de un étage, aux murs décatis, qui donne sur l'une des artères les plus fréquentées du nord de Rangoon. Quelques morceaux de ferraille de récupération servent de grille d'entrée. Rien ne distingue le lieu, si ce n'est une banderole rouge à demi dissimulée par les frondaisons tropicales.
392 des 440 sièges. Principal parti d'opposition, la LND a remporté