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Libération

Les alliés de Kabila menacent d'intervenir.Les rebelles poussés à négocier par les pressions régionales.

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publié le 21 août 1998 à 8h04

Kinshasa envoyé spécial

Ce soir, ils dormiront à nouveau dans la rue, se blottiront dans l'ombre d'un immeuble pour renifler de la colle ou un chiffon imbibé d'essence après avoir volé au marché de quoi survivre ou, pour ce qui est des filles, après s'être prostituées. Pour eux, le retour du courant a une signification ambiguë. Eux, ce sont quelque 120 jeunes de 3 à 18 ans, des garçons au torse nu couvert de tatouages obscènes, des gamines hirsutes, au T-shirt en lambeaux, parfois des filles mères portant des bébés morveux dans le dos. Pendant trois nuits sans électricité, ils avaient préféré coucher au centre d'accueil que la Croix-Rouge congolaise a gardé ouvert pour eux. «Il y avait un couvre-feu, explique Marie-Lucie Ndobe, la directrice. Dehors, ç'aurait été trop dangereux pour eux.» Hier, en fin de matinée, l'électricité est rétablie à Kinshasa. «Cette nuit, la plupart ne vont pas revenir, prédit-elle. De toute façon, chacun fait comme il veut. On n'enferme personne.»

Normalement, on ne vient que le jour à la «maison Kapanga», au coeur de l'ancienne «cité indigène» de Kinshasa. Pour s'y reposer, pour laver son linge, pour faire cuire du manioc chapardé ou, c'est l'exception, pour s'inscrire à l'école ou dans un atelier comme apprenti. «Sauf l'accueil et les conseils, rien n'est gratuit ici. On ne distribue pas d'habits et on ne donne à manger qu'à ceux qui ont vraiment très faim.» Marie-Lucie Ndobe ne mêle aucune sentimentalité à ses explications. Ses «clients» sont des