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Libération

Allemagne: le casse-tête du mémorial de l'Holocauste. Schröder est contre, Kohl pour: les électeurs trancheront.

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publié le 26 août 1998 à 8h20

Bonn, de notre correspondante.

En plein coeur de Berlin, entre le chantier de la Potsdamer Platz et la Porte de Brandebourg, un immense terrain, délimité par une palissade, est abandonné aux herbes folles. Sur ce terrain vague, le Sénat de Berlin devait lancer hier la construction d'un mémorial de l'Holocauste. Après dix années de débats, deux concours d'architectes et trois colloques d'experts internationaux, la décision semblait enfin mûre. Un projet avait été retenu, celui de l'Américain Peter Eisenman: un immense labyrinthe de colonnes de béton, entre lesquelles chaque visiteur se promènerait seul, pour trouver son chemin du souvenir.

Le projet était audacieux: en plein centre du futur quartier gouvernemental, les Allemands auraient sans cesse sous les yeux le rappel des six millions de juifs tués sous le régime nazi. Plus le moment de la décision approchait, plus les réticences se sont pourtant fait entendre. Jugé trop imposant, le projet Eisenman a d'abord été réduit: le nombre de colonnes a été ramené de 4 100 à 2 700. Puis reporté aux calendes grecques. Berlin ne doit pas devenir une «ville du repentir», a lancé le maire de la ville, le chrétien-démocrate Eberhard Diepgen. «Je ne suis pas sûr que le lieu et la mesure aient été bien choisis», a enchaîné Gerhard Schröder, candidat social-démocrate aux législati- ves du 27 septembre. Michael Naumann, désigné comme le monsieur Culture d'un éventuel gouvernement Schröder, est allé encore plus loin, comparant le monumentali