Par millions, les Russes ont troqué leurs maigres économies en
roubles contre des dollars. Par milliers, les investisseurs étrangers et russes, tout aussi méfiants qu'un simple citoyen moscovite, recherchent eux aussi du billet vert. La valse des étiquettes des produits alimentaires pour les premiers, les déclarations contradictoires du nouveau Premier ministre Viktor Tchernomyrdine pour les seconds... les raisons de garder des roubles sont désormais bien maigres. Hier, la devise russe s'est effondrée de près de 10%, obligeant les autorités monétaires à suspendre les cotations avant l'heure. Sur le marché des changes, le rouble s'est établi à 7,86 roubles pour 1 dollar contre 7,14 lundi. Depuis l'élargissement de la fourchette de fluctuation, le 17 août, la monnaie russe a perdu près de 20% face au dollar. Mais ce sont surtout les déclarations de Tchernomyrdine qui ont mis le feu aux poudres sur le marché des changes de Moscou. «La priorité sera la défense des intérêts sociaux de la population, le paiement des salaires et la politique industrielle de l'Etat, car on ne pourra pas faire sortir la Russie de la crise par des mesures uniquement monétaristes», a-t-il déclaré. Enchaînement catastrophique. Les Russes comme la communauté financière internationale ne comprennent pas comment le budget de l'Etat peut soutenir l'industrie ou le secteur social... Sauf à faire tourner à plein régime la planche à billets. Au risque de relancer une inflation qui ne ferait qu'aggraver la situ