Avec une moindre intensité que la veille, les combats entre forces
loyalistes et rebelles se sont poursuivis hier aux abords de l'aéroport de Kinshasa, sous le contrôle de l'armée gouvernementale. Mais c'est dans toute la ville que l'«ennemi intérieur» a été traqué par la population. Des comités d'autodéfense ont lynché des suspects, les ont battus à mort ou, en enflammant un pneu passé au cou de la victime, leur ont fait subir le «supplice du collier». Selon de nombreux témoignages, cette chasse aux Tutsis a donné lieu à de sordides règlements de comptes. Des faux barrages et la fouille des maisons ont également servi de prétextes au pillage et à l'extorsion de fonds. Le président Kabila aurait à nouveau quitté la capitale.
Kinshasa, envoyé spécial.
Quadrillée par des comités d'autodéfense, sa capitale traque les Tutsis, «les envahisseurs venus de l'Est». Son directeur de cabinet en appelle à «l'éradication et l'écrasement total de cette vermine». Son conseiller en communication, ancien thuriféraire de Mobutu et évangéliste dans sa nouvelle vie, leur prophétise qu'ils seront «chassés de partout en Afrique, promis à errer sans fin et sans but». Mis en péril, Laurent-Désiré Kabila vient de changer d'identité politique. Porté au pouvoir par les immigrés tutsis dans l'ex-Zaïre, ancien allié du Rwanda et de l'Ouganda au point d'être apparu comme leur créature, l'ex-maquisard devenu le tombeur de Mobutu a changé de camp. Ses nouveaux frères d'armes sont l'Angola, le Zimbabwe, la Na