Menu
Libération

Au Kivu, la colère gronde contre les rebelles congolais. Le racisme antitutsi gagne la population.

Article réservé aux abonnés
publié le 31 août 1998 à 8h37

L'offensive réussie des alliés zimbabwéens et angolais de

Laurent-Désiré Kabila au sud de Kinshasa inquiète le Kivu. «Depuis quelques jours, on sent une grande nervosité chez les militaires rwandais et ougandais», dit un habitant de Bukavu, qui fait partie de ceux qui n'ont jamais vu dans la rébellion qu'une invasion. Un calme trompeur règne dans la capitale du sud-Kivu, affirme-t-il. «Depuis trois jours, l'hôpital général n'admet plus de malades», sur ordre des rebelles. Il parle aussi de tueries dans les villages et dans les quartiers. Jeudi dernier à 9 heures, dit-il, les rebelles ont emmené à la prison centrale de Bukavu plus de 200 militaires loyaux à Kabila. Ils étaient venus se rendre. Ils auraient, selon lui, tous été tués. Massacre. Le seul massacre qui ait été récemment confirmé est celui qui a fait plus de 100 morts, dont des religieux, à la mission de Kasika, il y a une semaine. Des soldats rebelles, qui auraient perdu des officiers dans une attaque de miliciens maï-maï, seraient revenus se venger de ceux qu'ils soupçonnaient d'avoir informé leurs assaillants: les religieux, et ceux qui étaient venus se protéger des combats à la mission. Car contrairement à Goma, où s'est installé leur état-major, les forces rebelles qui occupent le sud-Kivu jusqu'à Uvira doivent faire face à une résistance armée, où se retrouvent pêle-mêle des Congolais et des Rwandais des ex-Forces armées rwandaises, unis dans une alliance plus «antitutsi» que «pro-Kabila». Le racisme, qui a