Kinshasa, envoyé spécial.
Dans la cour de son atelier «Automerveille», Alphonse vend des pneus usagés en deux catégories de prix. Les pneus à rouler coûtent entre 15 et 20 dollars, les pneus à brûler 5 dollars. Chaque nuit, depuis la coupure d'électricité et malgré le couvre-feu, une kyrielle de pneus brûlent aux carrefours dans les quartiers. «Pour éclairer les rebelles», explique Baudouin, un retraité de la zone 3 du faubourg Ndjili. «Pour les chauffer aussi.»
Cadavres carbonisés. Dans cette immensité de maisons basses, de commerces et de marchés bariolés à perte de vue vers l'est de la capitale, ce lundi matin, des cadavres carbonisés jonchent encore les ruelles de terre ou de sable. Deux hommes discutent au-dessus de l'un d'eux. Ils sont vêtus de costumes. Baudouin explique à l'étranger: «Voilà le point. Quand le peuple capture un rebelle, il le brûle aussitôt et il attend que la Croix-Rouge vienne enlever le corps. C'est comme ça qu'on fait la guerre chez nous.» Son voisin et collègue ils sont fonctionnaires au chômage précise: «On met de l'essence ou du gasoil. ça dépend de l'endroit. L'important est que ça brûle convenablement.» Ont-ils beaucoup brûlé de rebelles ces derniers jours dans ce secteur? «Beaucoup, je ne sais pas. En tout cas, tout ce qu'on a pu. Mais, depuis dimanche, le mouvement tombe bas.» Pensent-ils que beaucoup de rebelles se dissimulent encore dans les environs? «Nous ne connaissons pas la comptabilité exacte des troupes rebelles et celle des re