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Libération

Le procès Agusta en Belgique. L'argent sale des socialistes. L'avionneur français Serge Dassault accusé de corruption.

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publié le 3 septembre 1998 à 11h05

Bruxelles, envoyée spéciale.

Sur le banc des accusés, à la Cour de cassation de Bruxelles, c'est François Pirot qu'on voit en premier, silhouette immense aux bras croisés loin devant lui, posés sur un ventre colossal. Pendant sa détention provisoire, il se rendait aux interrogatoires du magistrat instructeur dans le pull-over rayé des prisonniers, tête haute, alors que les détenus prennent souvent soin d'enfiler leur plus beau costume. Il était le grand argentier du PS francophone belge. Un jour de 1989, dit-il, une éminence grise du parti, Auguste Merry Hermanus, a jeté sur son bureau 5 millions de francs belges (700 000 FF) en liquide dans un sac plastique en criant: «Cadeau!» Il les a versés dans les caisses du parti, via une association culturelle. 15 autres millions suivront le même chemin.

Des années plus tard, le 8 janvier 1997, Auguste Merry Hermanus écrit à l'ex-président du PS, Guy Spitaels: «Tu te rappelleras qu'en 1989 tu m'avais demandé de réceptionner un don de 30 millions que Dassault souhaitait faire au Parti socialiste? ["]» Il rappelle le versement des 20 premiers millions à Pirot puis poursuit: «A partir d'octobre 1989, le financement du PS était en ligne de mire. Nous sommes alors convenus qu'on attendrait pour que je te remette le solde des 10 millions restants. Aujourd'hui, je suis encore en possession de cette somme plus les intérêts ["]. Que dois-je faire?» «Dieu». Tout au bout du banc des accusés, Guy Spitaels regarde droit devant, évitant ses anciens