Le premier condamné de l'Histoire pour crime de génocide s'appelle
Jean Kambanda. L'ancien Premier ministre du Rwanda a été frappé hier d'emprisonnement à vie pour sa responsabilité dans l'extermination des Tutsis, dont environ 800 000 ont été massacrés entre avril et juillet 1994. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) n'a pas accepté une mitigation de la peine maximale, bien que Jean Kambanda eût plaidé coupable et proposé sa collaboration de «repenti» dans de futurs procès. Le président du tribunal, le juge sénégalais Laïty Kama, s'en est expliqué après avoir prononcé la sentence. «Jean Kambanda n'a fourni aucune explication pour sa participation volontaire au génocide, a-t-il dit, et n'a exprimé aucune contrition, regret ou sympathie pour les victimes.»
Chasse à l'homme. En plein génocide, Jean Kambanda n'avait pas non plus fait montre de compassion. Désigné à la tête du «gouvernement intérimaire» le 9 avril 1994, après l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana et l'assassinat du Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, Jean Kambanda s'était vite réfugié dans l'enceinte sécurisée d'un projet de formation de cadres à Gitarama, au sud-ouest de la capitale Kigali. C'est là, abandonné par nombre de «ses» ministres et gardé par une troupe portée sur la bière, qu'il recevait pour exprimer son indifférence par rapport à la persécution des Tutsis. «On traque seulement les infiltrés», arguait-il pour refuser tout appel à cesser la chasse à l'homme. Sa cause pe