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Libération

«Kabila ne doit pas nous faire maigrir pour rien». La survie difficile dans Kinshasa soumise au couvre-feu.

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publié le 8 septembre 1998 à 11h22

Un sommet s'est ouvert, hier à Victoria Falls, réunissant tous les

protagonistes de la crise congolaise sous la médiation du président zambien, Frederick Chiluba.

Kinshasa, envoyé spécial.

Tous les soirs, dans la cour 14 de la rue Nbomu, sur l'avenue Kasaï, on «défait salon». Au coucher du soleil, les papas s'assoient dans les fauteuils, les jeunes sur les marches, les mamas allument les braseros pour cuire le foufou et éclairer un peu l'assemblée. Quelques instants plus tôt, un gamin traversait le quartier, tapant sur une bouteille et criant «pétrole, pétrole!», et les familles passaient commande pour imbiber le bois. On défait salon parce que chaque nuit, depuis la coupure d'électricité, on brûle un meuble: des pieds de table, des chaises, des étagères, de chez Justin, de chez Chantal, à tour de rôle. Ceux qui ne possèdent pas de salon déclouent les sommiers de lit.

Couvre-feu. L'avenue Kasaï traverse le coeur de la Cité de Kinshasa. La rue Nbomu, perpendiculaire, terreuse et cabossée, longe un marigot saumâtre où pêchent des ibis blancs, où jouent les gamins, où les mamas puisent désormais l'eau de la lessive et de la cuisine. Dans la Cité, le couvre-feu n'empêche personne de voisiner d'une parcelle à l'autre; les ados de se retrouver aux pieds des manguiers, les joueurs de taper le carton à la lueur de bougies. Si les rues sont calmes, c'est parce que «les alcalines rendent leurs derniers râles». L'avenue Kasaï borde le Grand Marché, dont des étalages de planches disparaisse