Moscou, envoyé spécial.
Sanglé dans son costume sombre, raide comme un piquet, Alexei Mamontov, directeur adjoint du Marché des changes interbancaires de Moscou (le Micex, dans le jargon), annonce d'une voix résignée que les transactions rouble-dollar sont une nouvelle fois suspendues «pour ce lundi 7 septembre». Il est 11h20. «En raison d'un déséquilibre entre l'offre et la demande, la Banque centrale de Russie a décidé d'interrompre les échanges. Dès que le marché aura retrouvé sa stabilité, nous rouvrirons.»
Traders désoeuvrés. Derrière lui, les sept opérateurs du Micex n'ont pas l'air de croire à une réouverture rapide. Ils ressemblent à tous les traders du monde: des jeunes gens en chemise rayée, manches relevées et cravate colorée. Mais, désoeuvrés, ils contemplent leurs ordinateurs dans une ambiance sépulcrale à peine troublée par de rares sonneries de téléphone. La nouvelle de la démission du président de la Banque centrale, Serguei Doubinine, s'affiche encore en lettres rouges sur les écrans Reuter dispersés dans la petite salle, centre nerveux des transactions électroniques officielles sur les devises en Russie. La dépêche est tombée quelques minutes plus tôt. Une des dernières décisions de Doubinine si sa démission est acceptée par Eltsine et la Douma aura donc été de bloquer à nouveau, comme il l'avait fait la semaine dernière, la cotation du rouble dans l'espoir, vain jusqu'ici, d'enrayer sa dégringolade.
Les responsables du Micex ont bien tenté de rouvrir le m