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Libération

Journal de Pereslavl. La médecine russe au bout du rouleau.

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Personnel mal payé, matériel obsolète, médicaments chers: la santé va mal.
publié le 10 septembre 1998 à 11h35

Pereslavl, envoyé spécial.

Combien? Le docteur Kniaziouk, qui dirige l'hôpital municipal de Pereslavl, baisse la tête. «C'est la question la plus douloureuse, répond-il. Le salaire des aides-soignants est de 130 à 170 roubles, celui des infirmières autour de 300 et celui des médecins entre 400 et 500 roubles par mois.» Soit de 130 à 500 francs mensuels au cours ancien du rouble qui a depuis perdu plus de 60% de sa valeur. Et il y a tout lieu de penser que ces salaires déjà modestes, payés par l'administration de la ville, ne seront pas réévalués. La seule façon d'améliorer le difficile ordinaire est de multiplier les gardes de nuit, de rehausser sa qualification et, bien sûr, d'avoir un potager où cultiver ses légumes. «Le niveau de vie des médecins est très bas», soupire le docteur Kniaziouk. Mais ceux de Pereslavl ne se plaignent pas trop: «Grâce à la mairie, il n'y a pas de retard de salaire, ces roubles misérables sont versés à temps.» Un millier de personnes (dont 138 médecins et 350 infirmières) travaillent dans cet établissement hospitalier de 465 lits pour Pereslavl et ses alentours, soit 70 000 habitants, l'équivalent de Valence. Le cuisinier réussit le miracle de nourrir les patients trois fois par jour à raison de 6, 83 roubles pour chaque malade. «Mais, depuis quelques jours, on ne peut plus rien acheter. Les prix ont flambé et certains stockent les produits pour les revendre très cher un peu plus tard. Alors, on vit sur nos réserves. On peut tenir une dizaine de