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Libération

A Vilnius, le premier procès d'un criminel de guerre nazi balte. Trouble mémoire en Lituanie. Le pays commémore le génocide soviétique"" et oublie les pogroms.

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publié le 12 septembre 1998 à 11h46

Vilnius envoyé spécial

Le cadre est presque trop parfait. Le premier procès d'un criminel de guerre nazi balte, un Lituanien de 91 ans, se déroule dans l'ancien quartier général du KGB à Vilnius. Ses caves accueillent en même temps le musée lituanien des victimes du génocide ­ par génocide, les Lituaniens entendent celui perpétré par les Soviétiques ­, et on peut y visiter quelques cellules où plusieurs centaines de suspects furent interrogés et exécutés. Génocide soviétique, holocauste nazi, le décor est planté pour un procès qui sème la confusion. L'avocat d'Aleksandras Lileikis s'est présenté seul mercredi matin dans ce tribunal de Vilnius, montrant au président et au procureur le certificat médical attestant que son client était bien hospitalisé depuis une semaine. L'accusé lituanien, âgé de 91 ans, est trop mal en point. Le coeur. «Ce procès aurait du démarrer il y a un an et demi, s'emporte Efraim Zuroff, directeur du centre Simon Wiesenthal de Jérusalem. Ces reports perpétuels illustrent tout à fait le malaise et le manque d'enthousiasme des Lituaniens à considérer leur passé.»

La Lituanie fut occupée une première fois par les Soviétiques dès 1940. La mémoire collective retient que les juifs avaient accueilli les Soviétiques à bras ouverts. Pour eux, Staline valait mieux que Hitler. Certains, lettrés, étaient devenus les porte-plumes du NKVD, l'ancêtre du KGB. Avant que les nazis arrivent au printemps 1941, les premières déportations vers la Sibérie avaient eu lieu. L