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Libération

Désespoir palestinien, cinq ans après Oslo. La présence israélienne reste pesante. A Hébron, un nouveau-né en est mort.

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publié le 12 septembre 1998 à 11h43

Beit Ulla (Cisjordanie), envoyé spécial.

La Peugeot fonce sur une route cahotante qui suit le lit d'un oued asséché. Fadoua al-Adem se tord de douleur. Sa mère et sa tante essayent de la calmer. Dès les premières contractions, la jeune femme a fait chercher son beau-frère, le seul à posséder une voiture. Une dizaine de kilomètres les séparent de l'hôpital Aliya, le principal établissement de la région. A l'entrée de Hébron, ils butent sur un barrage israélien. La ville vient d'être placée en état de siège, après la mort d'un colon. Le mari, Jamil, supplie les trois soldats de les laisser passer. La tante sort à son tour. Elle montre du doigt Fadoua sur le point d'accoucher. «Filez d'ici», répète le militaire, le fusil tendu. La famille rebrousse chemin et, après un très long détour par le sud, réussit à déjouer le blocus. Quand la voiture arrive à l'hôpital, deux heures se sont écoulées. Les infirmiers découvrent une femme couverte de sang, un nourrisson suffoquant dans ses bras, encore relié à elle par son cordon ombilical. Fadoua a donné naissance à une fille sur la banquette arrière. Les médecins stoppent l'hémorragie, mais ne réussissent pas à sauver l'enfant. Le rapport signale un arrêt cardiaque suite à un manque d'oxygène. Quinze jours après, la tante s'excuse presque: «Je ne savais pas comment faire et je n'avais rien pour couper le cordon.»

Chèvres confisquées. Fadoua, assise en retrait sur une terrasse infestée de mouches, laisse ses aînées parler. Quand on lui dem