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Libération

A Gaza, la peine de mort freine la vendetta. Fin août, deux meurtriers étaient exécutés. Même leur famille a accepté la rigueur du châtiment.

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publié le 14 septembre 1998 à 9h30

Gaza envoyé spécial

Pas de funérailles publiques, ni de témoignage de sympathie pour Mohamed et Rahed. Les parents, les Abou Sultan, n'ont pas ouvert leur porte pour recevoir les condoléances des amis et voisins comme le veut la coutume. Depuis l'exécution des deux frères, la famille vit calfeutrée dans l'immense camp de réfugiés de Jabaliya. Un cousin, après avoir jeté un regard inquiet autour de lui, s'interpose: «Vous comprenez, leur père est dans une situation tragique, explique-t-il. Parler ne ferait que créer plus de problèmes.»

Première application. Reconnus coupables d'un double meurtre, Mohamed et Rahed ont été passés par les armes le 30 août par un peloton de dix hommes au siège de la police à Gaza. A défaut de se voir offrir une dernière cigarette, ils ont bu un verre d'eau. Un bandeau noir recouvrait leurs yeux. Un cheikh musulman a récité une prière. «Allahou Akbar!» («Dieu est grand») se sont exclamés les parents des victimes une fois les kalachnikovs redevenues silencieuses. Une foule massée derrière les murs guettait avec impatience les bruits de rafale. Prononcée plusieurs fois, la peine capitale n'avait jamais été appliquée en territoire autonome palestinien.

Les organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont beau dénoncer une justice expéditive, personne, dans le quartier comme ailleurs, ne conteste la rigueur du châtiment. «Maintenant, les gens y réfléchiront à deux fois avant de faire couler le sang, déclare un voisin, Hassan Ismaël. C'