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Libération
Analyse

Après l'annonce du départ du président Zeroual. Alger: l'incertitude chronique. Les «décideurs» militaires ont fait voler en éclats la supposée «stabilité» du pays, vantée auprès des Occidentaux.

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publié le 14 septembre 1998 à 9h33

Pourquoi le chef de l'Etat algérien Liamine Zeroual a-t-il annoncé,

vendredi soir, dans une allocution télévisée surprise, qu'il écourtait de deux ans son mandat, sans donner le motif de ce départ précipité? Dimanche, la presse algérienne, comme les chancelleries étrangères, s'interrogent toujours sur les circonstances exactes de ce qui ressemble fort à une révolution de palais. Nul ne semble en effet accorder de crédits à l'allusion furtive du chef de l'Etat concernant sa volonté de «favoriser l'alternance». Ainsi, le quotidien le Matin n'hésite-t-il pas à titrer: «Coup d'Etat maquillé?», tandis que Liberté s'interroge: «Que s'est-il dit de grave et d'important dans le cénacle du pouvoir aux milles arcanes pour précipiter les choses?» On ne peut mieux signifier qu'une nouvelle fois une décision ­ d'autant plus importante que le pouvoir se targue d'avoir «parachevé la construction des institutions démocratiques» ­ a été prise dans l'opacité totale et en ignorant superbement ces mêmes institutions.

Déballage. Une seule chose est acquise: le départ annoncé de Liamine Zeroual résulte de l'exacerbation de la lutte de clans qui déchire depuis plusieurs mois la nomenklatura politico-militaire (Libération des 7 août et 12 septembre). Ce conflit oppose schématiquement deux pôles de pouvoir: d'un côté la présidence; de l'autre, les responsables de l'armée et des «services» regroupés pour l'occasion derrière le chef d'état-major Mohammed Lamari et le «patron» de la Sécurité militaire.