Quelque trois mille partisans de l'ex-président Sali Berisha ont
défilé hier dans le calme à Tirana. Le Premier ministre socialiste affiche sa volonté de poursuivre les responsables des émeutes de lundi, dont Sali Berisha lui-même.
La crise albanaise évoque une interminable guerre de chefs. Le contentieux personnel est lourd entre le Premier ministre socialiste (ex-communiste) Fatos Nano, pleinement légitimé par les élections, sous contrôle international, de juin 1997, et l'ex-président Sali Berisha, ancien cardiologue qui dirigea les premières manifestations anticommunistes en 1990, puis incarna comme Président l'espoir de transition démocratique, avant de dériver vers un pouvoir autocratique renversé par la rue. Il jeta en prison Fatos Nano sous de fausses accusations de corruption. Aujourd'hui, il est menacé du même sort, poursuivi pour avoir fomenté un coup d'Etat.
Inquiétude occidentale. Ce nouveau bras de fer inquiète les Occidentaux car le conflit est très directement lié à celui du Kosovo, province du sud de la Serbie peuplée à 90% d'Albanais de souche, dont le statut d'autonomie fut supprimé par Milosevic en 1990. La tentative de coup d'Etat à Tirana de Sali Berisha représente la première métastase hors de Yougoslavie d'une guerre qui a fait ces six derniers mois près d'un millier de morts et 250 000 réfugiés.
Plutôt prudent sur ce dossier alors qu'il était au pouvoir, Sali Berisha a, depuis, multiplié les proclamations enflammées en faveur des «frères albanais du Kosov