Remagen, envoyée spéciale.
Ce soir-là, la campagne électorale allemande pour les législatives du 27 septembre passe par un petit restaurant turc de la zone piétonne de Remagen, à quelques kilomètres au sud de Bonn. Une bonne trentaine de clients, moitié Turcs, moitié Allemands, sont attablés au Bosporus, devant des verres de bière ou d'ayran. Cem Özdemir, 32 ans, le seul député d'origine turque du Bundestag sortant, est venu expliquer pourquoi son parti, les Verts, défend le mieux les intérêts des étrangers en Allemagne. «Nous voulons une nouvelle politique en faveur des étrangers, qui intègre au lieu d'exclure. Par exemple, des cours d'allemand et d'intégration obligatoires pour tous à l'arrivée en Allemagne.»
Dans l'assistance, la discussion est animée. «Les Verts me plaisent bien, opine Ahmet, 33 ans, en Allemagne depuis vingt ans. Je ne peux pas voter car je n'ai pas la nationalité allemande. Mais je vais la demander.» Necmettin Deniz, 42 ans, le patron du Bosporus, vient aussi de demander sa naturalisation. Lui a la carte du Parti social-démocrate (SPD), mais se réjouit de cette visite verte dans son restaurant: «C'est bien de sentir que les hommes politiques commencent à nous courtiser.»
Sur les 60,5 millions d'électeurs appelés aux urnes, 160 000 sont d'origine turque. Un nombre encore ridicule, comparé aux 2,3 millions de Turcs vivant en Allemagne. Mais l'effectif est appelé à croître, avec l'accélération du processus de naturalisations entamé ces dernières années. Aux