Moscou, de notre correspondante.
Alexandre Smolenski, 44 ans, pourrait être le premier à tomber. Président de la banque SBS-Agro, il comptait parmi les hommes les plus puissants de Russie, les fameux sept «oligarques» à la tête d'empires financiers. Aujourd'hui, sa banque, emportée par la crise, est au bord de la faillite. «Je suis un battant, confiait-il récemment à la télévision, je me bagarrerai jusqu'au bout.» La chute annoncée de Smolenski illustre le brutal revers de fortune des «oligarques». Il y a encore un mois, ils se prétendaient les maîtres de la Russie. Leur plus célèbre représentant, Boris Berezovski, s'était vanté un jour que les «sept» possèdent 50% de l'économie russe, un chiffre qui semble exagéré. Richissimes, ils avaient tissé des liens inextricables avec le pouvoir. En 1996, ils avaient largement contribué à la réélection de Boris Eltsine en finançant sa campagne et revendiquaient une influence clé en politique. Vladimir Potanin, le patron du groupe Onexim, fut vice-Premier ministre; Berezovski, lui, est toujours secrétaire chargé des relations avec la CEI.
Avec la crise financière, tous traversent aujourd'hui de sérieuses difficultés. Les «oligarques» ont en effet bâti leurs empires à partir des banques. A la fin des années 80, ils profitent de leurs relations dans les sphères officielles pour les créer. Début 1990, ils spéculent lors de l'hyperinflation; avec la privatisation, ils «acquièrent» de vastes entreprises dans le pétrole, le gaz, les métaux