Kasese, envoyée spéciale.
Il était un peu plus de six heures du matin quand Rose a entendu les premiers tirs. Puis des voix qui hurlaient: «sortez de là». En swahili, la langue parlée côté congolais, et en ruganda, celle que l'on utilise de ce côté-ci de la frontière, au sud-ouest de l'Ouganda. Les rebelles étaient descendus de la montagne. «Puis ils ont lancé des grenades et aspergé les dortoirs de pétrole». Le carnage a duré trois heures, se souvient l'infirmière du collège de Kichwambale, le temps que les militaires arrivent. «Et pendant tout ce temps, j'entendais les enfants crier et chanter Dieu». Dans le parc entouré de bananiers, tout s'est tu. Rose va d'un dortoir calciné à un autre. Parmi les débris, on n'a pu identifier que 31 corps. Les rebelles ont enlevé plus de 80 étudiants. Une semaine plus tard, l'armée en a récupéré une trentaine. Ils se trouvaient déjà en République démocratique du Congo (RDC). Les autres, s'ils sont encore vivants, ont été enrôlés de force par l'ADF (Allied democratic front).
Le martyr des collégiens de Kichwamba, l'incurie des militaires qui étaient supposés les protéger dans cette région où les rebelles de l'ADF opèrent depuis plus d'une dizaine d'années, a provoqué un sursaut. Le commandant militaire de la région a été remplacé, de nouvelles troupes sont arrivées. Le président Museveni lui-même s'est déplacé Mais moins de deux mois plus tard, dans la nuit du 31 juillet, les rebelles attaquaient la ville de Kasese, à 80 km au sud. Une op