Ermua (Pays Basque), envoyé spécial.
Les rues de la petite ville transpirent tant de tranquillité qu'elles sentent le scepticisme. Le triste bourg industriel basque d'Ermua s'est réveillé vendredi, au premier jour du «cessez-le-feu» de l'ETA, dans une quasi-indifférence. Ermua, où, en juillet 1997, fut enlevé puis assassiné le jeune conseiller municipal du Parti populaire (PP), Miguel Angel Blanco, a du mal à y croire. «Faut voir...» sont les mots les plus repris entre ces tours et ces barres d'immeubles, dans ce paysage grisâtre encaissé dans la vallée du Deba, petit rio devenu depuis longtemps cloaque. Peut-être le souvenir de l'enfant du pays, de l'élu abattu d'une balle dans la nuque après quarante-huit heures d'ultimatum, est-il encore trop présent. «Faut voir», lâche donc, sans enthousiasme aucun, deux copines autour d'un café-crème, «des trêves, l'ETA en a déjà annoncé bien d'autres, comme lors des négociations d'Alger, en 1989, et cela n'a servi à rien». Comme toute la ville, elles ont participé aux manifestations monstres qui avaient suivi l'enlèvement puis la mort de Miguel Angel Blanco. «Depuis ce crime, il nous est difficile, ici, de croire à la paix. Mieux vaut attendre avant d'y croire vraiment.» Dans une des quatre ou cinq rues du centre-ville, seuls vestiges des vieilles pierres du village originel, la «Taverne du peuple», lieu de réunion d'Herri Batasuna (HB), la branche politique de l'ETA, est fermée d'une grille imposante. Depuis les événements de juillet