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Libération

Elections en Allemagne. Helmut Kohl repart à la conquête de l'Est. Déçue par le «chancelier de la réunification», l'ex-RDA est tentée par l'extrême droite.

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publié le 19 septembre 1998 à 10h00

Bitterfeld, envoyée spéciale.

Dès l'entrée de la ville, des pancartes signalent que l'on pénètre en zone sinistrée. «Les criminels étrangers, dehors!», «Votez pour la PROTESTATION»" clament les affiches de la DVU (Parti du peuple allemand), la liste d'extrême droite qui a remporté 12,9% des voix aux élections régionales de Saxe-Anhalt en avril. Bitterfeld, l'ancienne poubelle de la RDA, pollué par les combinats chimiques qui l'avaient rendue irrespirable, est devenu capitale du chômage et de la DVU (17,5% à Bitterfeld). Quelques usines chimiques modernes, comme Bayer, se sont bien implantées, les routes ont été asphaltées de frais, mais la détresse ne se voit que mieux dans ses nouveaux habits pimpants. 25% de la population est au chômage, et même plus de 40% si l'on compte tous les emplois sociaux financés sur des fonds publics.

Terrain hostile. Lorsqu'il fend la foule massée sur la place du marché de Bitterfeld, Helmut Kohl s'aventure en terrain particulièrement difficile. L'assistance est nombreuse mais houleuse: une petite troupe d'inconditionnels aux premiers rangs, déployant de grands drapeaux noir-rouge-or, référence à l'unification; une grosse majorité hostile mais silencieuse; et derrière, des groupes de jeunes furibonds qui essaient, en vain, de crier plus fort que les haut-parleurs: «Kohl doit dégager!», «Dehors, dehors!» Le «chancelier de la réunification», qui avait dû sa réélection, en 1990 et 1994, à la reconnaissance des Allemands de l'Est pour le deutschemark