Jérusalem,, de notre correspondant.
Pour la première fois en seize ans, Marcus Klingberg passera le Roch Hachana, le nouvel an juif, hors de sa cellule. Le doyen des espions détenus par l'Etat hébreu est sorti hier de la centrale d'Ashkelon. Réprimant ses larmes, il a adressé ses voeux à ses concitoyens pour l'an 5759. «En prison, j'existais à peine. Maintenant, je suis libre, vivant et très ému.» Libre, l'ex-scientifique ne l'est qu'à moitié. Assigné à résidence, il ne pourra s'absenter de chez lui que deux heures par jour et sous escorte. Un aide soignant, agréé par les autorités, restera à ses côtés. Le Shin Beth, l'équivalent de la DST, filtrera ses appels et ses visites. Un octogénaire cacochyme, coupé du monde, continue d'être considéré comme un «danger» pour la sécurité de son pays.
Il doit son élargissement à un tribunal de Beersheva. Par le passé, toutes ses demandes de remises de peine avaient été rejetées. Cette fois, les magistrats, contre l'avis du contre-espionnage, ont estimé le 3 septembre que son maintien en détention mettrait sa vie en péril. «S'il n'est pas relâché cette fois-ci, il ne le sera jamais», écrit l'un d'eux. Le procureur s'était donné quinze jours pour faire appel. Il s'est finalement incliné. «L'Etat ne voulait pas que mon client meurt en prison», explique l'avocat Avigdor Feldman.
Un paria jeté aux oubliettes. Sa semi-délivrance est l'aboutissement d'une très longue bataille juridique. L'homme ne s'est pas seulement battu pour ne plus vivre en