Bruxelles, envoyé spécial.
Les uns la trouvent courageuse, ce «petit bout de femme» qui court le monde pour s'occuper de désastres, dénoncer des crimes. D'autres lui reprochent d'être trop «grande gueule». Et si Emma Bonino, Italienne de 50 ans, élue du Parti radical, membre du Parlement européen depuis 1979 et commissària aux Affaires humanitaires à Bruxelles depuis quatre ans, était seulement réfractaire à l'hypocrisie ambiante? Au Congo de Kabila, elle ne cesse de mettre les pieds dans le plat. En octobre 1996, quand Kabila entame sa campagne de «libération», elle ne veut pas «se taire par peur de passer pour favorable à Mobutu». Quand Kabila prend le pouvoir à Kinshasa, elle lui reproche d'avoir transformé son pays en un «véritable abattoir» et d'être «allergique à la démocratie, aux élections, aux droits de l'homme». Alors, moulin à paroles ou Don Quichotte au féminin? Interview.
La guerre au Congo-Kinshasa s'installe dans la durée. Quelles conséquences humanitaires?
C'est un cauchemar! L'UE n'arrive même pas à prendre la mesure des souffrances et des besoins qui existent, ni, à plus forte raison, à se préparer aux catastrophes de demain. Par exemple, nous ignorons actuellement le nombre des déplacés. Nous ne sommes d'ailleurs plus présents sur le terrain. L'insécurité s'est généralisée. Il n'y a plus de «sacralité» de l'humanitaire, plus rien n'est respecté dans toute cette région: ni au Congo-Kinshasa ni au Rwanda, ou en Ouganda, parce que les hommes forts de ces pays,