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Libération

ELECTIONS ALLEMANDES. Schröder veut son Jack Lang allemand. Polémique sur le projet d'un ministère de la Culture fédéral.

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publié le 23 septembre 1998 à 10h17

Munich, envoyé spécial.

L'Etat fédéral a-t-il besoin d'un ministre de la Culture? Cette question inédite a fait une entrée remarquée dans la campagne électorale allemande. Il aura suffi que Gerhard Schröder prévoie de réserver un fauteuil de son cabinet fantôme à un «Kulturminister» pour que l'intelligentsia du pays se plonge, avec délices, dans une de ces interminables polémiques dont elle a le secret. Depuis février, les médias d'outre-Rhin se font largement l'écho de ce débat qui rappelle, à bien des égards, les discussions de 1992 sur le déménagement de Bonn vers Berlin. Les plus réticents redoutent que ce nouveau ministère, explicitement inspiré du modèle français, ne mette en danger le fédéralisme. Ils rappellent, de sinistre mémoire, le précédent nazi de la Reichskulturkammer, dernier exemple connu de gestion centralisée des affaires culturelles allemandes. La Constitution de 1949 n'a-t-elle pas reconnu aux Länder une souveraineté absolue en matière de culture? A ces arguments, les partisans d'un nouveau ministère répliquent que la «République de Berlin» naissante devra bien, tôt ou tard, s'affranchir du provincialisme de la «République de Bonn». Pour donner un peu de relief à une campagne électorale axée sur la conquête du centre, Schröder a habilement choisi de prendre, à peu de frais, la pose du briseur de tabou. S'il voit le jour, ce futur ministère sera confié à Michael Naumann, ancien journaliste et éditeur de renom, dont on souligne avec insistance qu'il n'est