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Libération
Interview

«La société russe attend un dictateur». L'ancien Premier ministre Egor Gaïdar analyse la situation politique.

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publié le 23 septembre 1998 à 10h15

Moscou, de notre correspondante.

Egor Gaïdar, 42 ans, fut Premier ministre de novembre 1991 à décembre 1992. Partisan de la «thérapie de choc», il était souvent présenté comme un homme de l'ombre, très influent dans les sphères du pouvoir. Alors que la Russie semble tourner le dos aux réformes libérales, il donne sa vision de la crise.

Evoquant le gouvernement Primakov, vous avez parlé d'«un gouvernement de communistes», mais il y a aussi des centristes. N'est-ce pas plus nuancé?

Non. Nous avons un gouvernement de la gauche communiste, qui s'appuie sur la majorité de gauche de la Douma et qui va être sous son influence. D'ailleurs, on exagère beaucoup quand on dit que Notre Maison la Russie (de l'ex-Premier ministre Viktor Tchernomyrdine) est un parti de centre droit. Il a toujours été très lié aux communistes. Ses représentants au gouvernement vont figurer la droite, mais une droite molle.

C'est pour vous la fin des réformes?

Ces derniers temps, le mot «réforme» a acquis un sens bizarre. C'est devenu le mot préféré de Tchernomyrdine. Je suis sûr que les membres du nouveau gouvernement vont aussi le répéter comme un «Notre Père». Et, dans un sens, ils auront raison: la non-conversion du rouble, par exemple, serait une vraie réforme" Toute la question est de savoir dans quelle direction elle va, en avant ou en arrière.

Va-t-on vers un retour au passé?

Ce ne sera pas un retour au socialisme. Mais plutôt à la période de l'entre-deux, où le système de gestion socialiste n'était plus o