Schöningen, envoyée spéciale.
Le week-end dernier, le village de Schöningen, au nord de l'Allemagne, fêtait ses mille deux cent cinquante ans d'histoire, avec chevaux, calèches et flonflons. Au même moment, son voisin, Hötensleben, 2 700 âmes, était aussi à sa fête d'automne: stands à bière et saucisses. Les jeunes s'étaient mis à l'écart: une tente bariolée, prête pour la disco du soir, était plantée à la sortie du village, à l'endroit où le maire et ses administrés ont voulu conserver un bout du Mur. Car, tout voisins qu'ils sont, Schöningen et Hötensleben ont vécu séparés pendant trente-sept ans. Si la réunification est passée par là, si la route qui mène de l'un à l'autre a été rouverte, la réconciliation n'a pas suivi. La campagne électorale réveille les mécontentements, y compris dans ces villages perdus au milieu des champs. A l'heure du bilan politique, «Ossis» et «Wessis» se regardent en chiens de faïence. L'époque des retrouvailles est loin.
Rancoeurs. «Il n'aurait jamais dû tomber ce mur. Ça ne nous a apporté que des problèmes.» Monika, 35 ans, est née à quelques centaines de mètres de ce fameux Mur, mais du bon côté. Alors les bienfaits de la réunification" «Nous, on ne les a pas vus. Ici, le chômage a augmenté parce qu'"ils sont venus prendre "nos emplois. Les entreprises n'ont plus d'incitations fiscales depuis que la frontière n'existe plus, alors elles vont ailleurs. La criminalité est en hausse. Tout ça c'est de "leur faute.» A côté d'elle, Jurgen, son mari,