En quarante-huit heures, l'intervention militaire sud-africaine au
Lesotho a tourné au fiasco. L'immixtion de Pretoria dans le conflit qui opposait le gouvernement de ce petit royaume à son opposition a déjà fait une cinquantaine de morts parmi les militaires, sud-africains et lesothans, et un nombre indéterminé de victimes civiles. Malgré l'arrivée de renforts botswanéens, l'armée sud-africaine n'a pas réussi à vaincre la résistance de l'opposition et des soldats mutins qui l'ont rejoint. Maseru, la capitale, n'est plus qu'un champ de ruines que les pillards finissent de saccager. L'hôpital est débordé par l'afflux des blessés. Les réfugiés fuient vers l'Afrique du Sud, seule porte de sortie de ce pays totalement enclavé. L'intervention a créé un tel ressentiment au Lesotho, que Pretoria a commencé à évacuer ses ressortissants.
Surprise générale. La décision sud-africaine a surpris tout le monde. Son échec est à la fois ridicule et alarmant. L'Afrique du Sud et le Lesotho, c'est l'éléphant et la souris. D'un côté, le leader de l'Afrique australe, plus de 40 millions d'habitants, une industrie d'armement exportatrice et des ambitions régionales à la mesure d'une histoire personnalisée par Nelson Mandela. De l'autre, un pays montagneux de 2 millions d'habitants, régi par une monarchie parlementaire instable, et dépendant pour sa survie de son unique frontière sud-africaine. Certes, le Lesotho est remuant. Depuis son indépendance en 1966, il a été secoué par une demi-douzaine