Dimanche dernier, à la télévision belge, Sémira Adamu racontait une
nouvelle fois son histoire. Elle avait fui son pays et un mariage arrangé avec un Togolais, trois fois plus âgé qu'elle, polygame et brutal. Arrivée sans papier à Bruxelles, cette Nigériane de 20 ans n'avait connu, pendant ses six mois en Belgique, que les «centres fermés pour étrangers», où sont retenus les immigrés en situation irrégulière. Elle témoignait, à visage découvert, des conditions «moyenâgeuses» de cette rétention. Elle était la seule à oser le faire. Sa demande d'asile refusée, l'Office belge des étrangers avait déjà tenté quatre fois de la renvoyer de force. Ses cris, sa résistance avaient contraint les gendarmes à la débarquer de l'avion. «Son cas était plutôt banal, mais elle était vraiment incroyable, d'une volonté et d'une énergie que rien ne faisait trembler», raconte un militant du Collectif sans nom, une des associations spécialisées dans ce domaine. En Belgique, le visage rond de Sémira était devenu le symbole de la lutte naissante contre les rapatriements forcées.
Mardi matin, onze gendarmes sont venus la chercher pour tenter à nouveau de l'embarquer de force sur un vol régulier vers le Togo. Plusieurs témoins racontent «que ceux-ci lui aurait fait comprendre que cette fois, ils ne seraient pas tendres». Vers 21 h 30, Sémira Adamu est décédée à l'hôpital Saint-Luc. Elle est tombée dans le coma après que les gendarmes lui eurent appliqués sur la bouche un coussin pour l'empêcher de «fai