Bruxelles, envoyée spéciale.
Ce n'est pas une crise, mais un état indescriptible entre le chaos et l'hébétude qui secouait la Belgique vendredi, après la mort d'une jeune Nigériane mardi lors d'une tentative de rapatriement particulièrement violente. Vendredi, vers 18 heures, une brusque agitation a secoué le centre pour étrangers , fermé, près de l'aéroport de Zaventem, où Sémira Adamu était retenue avant sa reconduite forcée, comme plusieurs dizaines d'autres sans-papiers, en attente d'une décision administrative. D'après les premières informations, une vingtaine d'entre eux, en grève de la faim depuis la mort de Sémira, ont été embarqués et transférés vers un autre des six centres analogues du pays. En revanche, une poignée de clandestins, quinze environ, étaient tout simplement lâchés devant la porte, sans argent ni document d'identité. «Des employés du centre leur ont juste dit qu'ils avaient cinq jours pour quitter le pays, expliquait, ahurie, une assistante sociale sur place. On a l'impression que les employés faisaient n'importe quoi, dans un état de frousse et de précipitation totale.» Quelques heures plus tôt, au gouvernement, le ministre de l'Intérieur, Louis Tobback, qui avait présenté sa démission jeudi, a «suspendu cette décision jusqu'à samedi soir». Après le décès de Sémira, Tobback (SP, socialiste flamand) avait déclaré «assumer ses responsabilités», tout en soutenant que cette reconduite forcée s'était faite en toute légalité. Une manière d'affirmer sa confi